Regards sur le classement des adverbes français

de Christian Molinier (1984 et 2000)

 

A. Classement de Christian Molinier: Christian Molinier, qui connaît notamment les travaux de Randolph Greenbaum et de Claude Guimier, et qui suit de très près les analyses et le classement de Randolph Greenbaun, repris et modifiés dans la fameuse Grammaire anglaise de Quirk et Greenbaum notamment, ne distingue pourtant que deux grandes classes d'adverbes, qu'il appelle respectivement Adverbes de phrases et Adverbes intégrés à la proposition.

1. Deux classes disjointes: Il présente et définit ces deux classes de la façon suivante:

"Dans l'ensemble global des adverbes, nous établissons une première partition entre les adverbes de phrase, ou adverbes de statut périphérique d'une part, et les adverbes intégrés à la proposition, ou adverbes rattachés au verbe ou à un autre constituant de la proposition d'autre part." (Molinier & Levrier, 2000, 44).

Pour justifier cette partition, il utilise, à la suite de Randolph Greenbaum, des critères de fonctionnement qu’il ramène à deux tests : le détachement en tête de proposition négative et le clivage.

"Les adverbes de phrase sont définis par la conjonction des deux propriétés suivantes:

1°) Possibilité de figurer en position détachée en tête de phrase négative

2°) Impossibilité d'extraction dans C'est… que" (Molinier & Levrier, 2000, 44).

Et ce n'est pas l'absence de ces deux propriétés, mais l'absence de l'une de ces deux propriétés qui entraîne l'appartenance à la seconde classe d'adverbe, ce qui peut donner l’impression de constituer une opposition bancale.

"Les adverbes intégrés à la proposition, complémentaires des premiers, sont définis par la disjonction de la négation de chacune des propriétés des adverbes de phrase. Un adverbe intégré à la proposition doit donc vérifier l'une et / ou l'autre de ces deux propriétés:

1°) Impossibilité de figurer en position détachée en tête de phrase négative

2°) Possibilité d'extraction dans C'est… que" (Molinier & Levrier, 2000,  45-46).

Dans un second temps, Christian Molinier distingue trois sous-classes à l'intérieur des adverbes de phrase, et six sous-classes à l'intérieur des adverbes intégrés à la proposition. Et c'est en se fondant avant tout sur leur signification qu'il parvient à distinguer ces différentes sous-classes d'adverbes, qui peuvent être représentées par le tableau de la figure 1.

fig. 1 : Classement des adverbes d’après Christian Molinier

 

2. Trois sortes d'adverbes de phrases: Les adverbes de phrases peuvent être soit conjonctifs soit disjonctifs, ces derniers étant eux-mêmes soit disjonctifs de style soit disjonctifs d'attitude. Christian Molinier réunit donc dans une même classe deux des 4 classes de la Grammaire de Quirk, à savoir les "conjoints" et les "disjoints", ce qui peut paraître surprenant, au moins du point de vue terminologique, puisque le préfixe con- est sémantiquement le contraire du préfixe dis-.

a. Adverbes conjonctifs: Ce sont les "conjoints" de la Grammaire anglaise de Quirk, ou les conjonctifs (sous-type des adverbes exophrastiques portant sur le dire) de Claude Guimier, ou tout simplement les connecteurs des pragmaticiens:

Hâte-toi; autrement, tu seras en retard. Max travaille; cependant, il échoue (Molinier & Levrier, 2000, 49).

Si l'on regarde la liste des différentes sous-classes sémantiques admises par Christian Molinier, force est de constater la diversité sémantique de ces groupes, "la faible représentation des adverbes en -ment" (Molinier & Levrier, 2000, 56), et la présence importante de tours apparemment prépositionnels entièrement figés (en premier lieu, d'abord; en outre, de plus, de surcroît; en effet, d'ailleurs; à propos, du reste; en bref, en réalité, au fond, en définitive; alors; au contraire, par contre, en revanche; de toute façon, en tout cas) ou plus ou moins figés (à ce sujet, à cet égard, à ce propos, d'un autre côté; dans ce cas, sans cela; malgré tout), ainsi que de trois conjonctions de coordination (car, donc, mais).  

Mais toutes ces unités linguistiques ont deux choses en commun. D'abord, au point de vue du sens, "les adverbes conjonctifs dans leur ensemble ont souvent des propriétés référentielles formellement marquées, qui explicitent le lien de la phrase où ils figurent avec la phrase ou le discours du contexte gauche" (Molinier & Levrier, 2000, 56). Ensuite, au point de vue syntaxique, ce sont, quasiment tous, des expansions de proposition. Il semblerait donc préférable de postuler, pour ces conjonctifs, une classe non pas d’adverbes, mais de particules qui seraient des expansions de proposition, et d’admettre que de véritables adverbes ou adverbiaux peuvent, en fonction de leur sémantisme, remplir ce même rôle syntaxique et sémantico-pragmatique de connecteur, quand ils sont extraposés ou détachés à gauche. Et rien n’empêchera d’ajouter que certains de ces adverbes ou de ces adverbiaux ont pu, historiquement, se figer pour ne plus être maintenant que des expansions de phrase à fonction de connecteur.

b. Adverbes disjonctifs de style : Par "disjonctifs de style", dénomination qu’il reprend expressément (cf. Molinier & Levrier, 2000, 65, note 1) à la Grammaire anglaise de Quirk, Christian Molinier entend désigner ce que d’autres, comme Oswald Ducrot (cf. Ducrot & Schaeffer, 1995, Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, 731), appellent adverbes d'énonciation, ou ce que Claude Guimier considère comme deux sous-sous-types différents d'adverbes exophrastiques, à savoir les adverbes métalinguistiques, sous-type des adverbes exophrastiques portant sur le dire (cf. Guimier, 1996, 133), et les adverbes illocutifs, sous-type des adverbes exophrastiques portant sur la visée du discours (cf. Guimier, 1996, 141). Christian Molinier donne comme exemples d’adverbes disjonctifs de style

 (Honnêtement + Concrètement + En clair), c'est un fiasco = Je te dis (honnêtement + concrètement + en clair) que c'est un fiasco (Molinier & Levrier, 2000, 49).

et fait rentrer dans cette sous-classe tous les adverbes qui ont une des propriétés suivantes:

"-Aptitude à entrer dans une paraphrase dans laquelle ils modifient en tant qu'adverbe de manière un verbe de type «dire» placé dans une phrase supérieure,

-Présence dans des formes syntaxiquement complexes de substantifs tels que termes, mots, propos, ou de verbes tels que parler ou dire,

-Possibilité de paraphrases mettant en jeu des substantifs tels que termes, mots, propos, ou de verbes tels que parler ou dire." (Molinier & Levrier, 2000, 65).

Il répartit ces adverbes disjonctifs de style en un certain nombre de sous-groupes sémantiquement différents, comme notamment les adverbes qui "indiquent la disposition psychologique ou morale du locuteur en tant que tel vis-à-vis du destinataire" (Molinier & Levrier, 2000, 66):

(Confidentiellement + Franchement + Honnêtement + etc.), ce spectacle est nul

ceux qui "fournissent un commentaire sur la forme de l'énoncé" (Molinier & Levrier, 2000, 68):

(Concrètement + Objectivement + Simplement), c'est fini

ou ceux qui invoquent "soit la vérité soit le vrai" (Molinier & Levrier, 2000, 77):

(Réellement + Véritablement + Vraiment), c'est une bonne chose pour Luc.

c. Adverbes disjonctifs d'attitude: A l’intérieur des adverbes disjonctifs (qui, pour nous, sont les seuls adverbes de phrase, puisque nous en avons exclu les prétendus adverbes conjonctifs), "les disjonctifs d'attitude, complémentaires des disjonctifs de style, se subdivisent en quatre sous-classes: les adverbes d'habitude (cf. Habituellement, Max est clair), les évaluatifs (cf. Curieusement, Max n'est pas venu), les modaux (cf. Certainement, Max a raison), les adverbes d'attitude orientés vers le sujet (cf. Sottement, Max n'a pas répondu)" (Molinier & Levrier, 2000, 49). Ce sont bien des adverbes de phrase, comme l'indique le fait qu'ils puissent être glosés par Cela est Adj., où Cela reprend toute la proposition, ou par le verbe principal Il est Adj., auquel est subordonnée toute la proposition subséquente:

Max est clair, cela est habituel (il est habituel que Max soit clair)

Max n'est pas venu, cela est curieux (il est curieux que Max ne soit pas venu)

Max a raison, cela est certain (il est certain que Max a raison)

Max n'a pas répondu, cela est sot (il est sot que Max n'ait pas répondu).

Dans le cas des adverbes d'attitude orientés vers le sujet, Christian Molinier estime que "l'adverbe porte sur la phrase entière et ne modifie en rien le verbe" (Molinier & Levrier, 2000, 107). Il montre en effet que ces adverbes "conformément à la définition des adverbes de phrase <…> peuvent précéder une proposition négative:

Sottement, Paul n'a pas répondu à la question de Marie

Intelligemment, Paul n'a pas parlé de ce problème

Prudemment, Paul n'a pas conduit dans la nuit du retour" (Molinier & Levrier, 2000, 107)

alors que c'est impossible pour les adverbes de manière orientés vers le sujet, qui semblent pourtant sémantiquement proches des adverbes de phrases orientés vers le sujet, mais qui n'en sont pas moins des adverbes intégrés à  la proposition. A côté de

Max a lu attentivement la notice

Luc attend anxieusement les résultats

on ne peut avoir

*Attentivement, Max n'a pas lu la notice (Molinier & Levrier, 2000, 118)

*Anxieusement, Luc n'attend pas les résultats

s'il est possible de dire

Attentivement, Max a lu la notice

Anxieusement, Luc attend les résultats.

Mais Christian Molinier pense que l'adverbe de phrase d'attitude "porte aussi sur le sujet, puisque à chacune de <ces phrases> on peut associer une phrase de structure N0 être Adj" (Molinier & Levrier, 2000, 107), en l'occurrence

Max a été sot (de ne pas répondre).

Christian Molinier signale, en ce qui concerne la position des adverbes disjonctifs dans la phrase, un certain nombre de particularités. D'une façon générale, ils vérifient, tous, mais pas de façon entièrement identique, ce que les grammaires traditionnelles appellent, à tort, à notre avis, "la propriété de mobilité adverbiale" (Molinier & Levrier, 2000, 84). Tous en effet peuvent être détachés en tête de phrase:

adverbes d'habitude:

(Généralement + D'ordinaire + …), Max déjeune à la cantine (cf. Molinier & Levrier, 2000, 84).

adverbes évaluatifs:

Curieusement, Luc n'a rien compris (cf. Molinier & Levrier, 2000, 84)

adverbes modaux:

(Apparemment + Certainement + Effectivement), Paul est arrivé en retard (Molinier & Levrier, 2000, 97)

adverbes d'attitude orientés vers le sujet:

Sottement, Paul a répondu à la question de Marie (Molinier & Levrier, 2000, 107).

Tous, sauf les adverbes évaluatifs, peuvent aussi être détachés en fin de phrase ou après le sujet:

adverbes d'habitude:

Max (généralement + d'ordinaire + …) déjeune à la cantine

Max déjeune à la cantine, (généralement + d'ordinaire + …) (cf. Molinier & Levrier, 2000, 84).

adverbes modaux:

Paul (apparemment + certainement + effectivement) est arrivé en retard

Paul est arrivé en retard au bureau, (apparemment + certainement + effectivement). (Molinier & Levrier, 2000, 97)

adverbes d'attitude orientés vers le sujet:

Paul, sottement,  a répondu à la question de Marie

Paul a répondu à la question de Marie, sottement (Molinier & Levrier, 2000, 108).

On comprend fort bien qu'il s'agisse, dans tous ces cas, d'adverbes disjonctifs (ou d'adverbes de phrase), puisqu'ils sont d'une manière ou d'une autre (c’est-à-dire syntaxiquement et intonativement) détachés de la proposition qui forme le reste de la phrase.

Il est peut-être plus gênant de les retrouver à l'intérieur même de cette proposition, c'est-à-dire en fait après son verbe ou après l'auxiliaire de son verbe. Mais dans cette position, tous les adverbes disjonctifs ne semblent pas avoir le même comportement. Les adverbes évaluatifs paraissent vraiment disjonctifs, parce qu'"à l'intérieur de la proposition, ils sont, dit expressément Christian Molinier, nécessairement détachés, à la manière des propositions incises:

Luc, curieusement, n'a rien compris

Luc n'a, curieusement, rien compris.

Ils s'opposent en cela, ajoute-t-il, aux modaux, qui n'exigent pas le détachement:

Luc apparemment n'a rien compris

Luc n'a apparemment rien compris.

Cependant, deux évaluatifs: heureusement et malheureusement n'exigent pas non plus le détachement:

 Luc (heureusement + malheureusement) n'a rien compris

Luc n'a (heureusement + malheureusement) rien compris"

(Molinier & Levrier, 2000, 89). Et si l'on se fie à la ponctuation des exemples proposés par les auteurs, il semble bien que les adverbes d'attitude orientés vers le sujet et les adverbes d'habitude n'exigent pas non plus une rupture, quand ils sont après le verbe:

Paul a sottement répondu à la question de Marie.

Paul a répondu sottement à la question de Marie (Molinier & Levrier, 2000, 109)

Max déjeune (généralement + d'ordinaire + …) à la cantine (Molinier & Levrier, 2000, 84).

Tout se passe comme si ces adverbes étaient, intonativement, de véritables expansions du verbe de la proposition, et donc faisaient syntaxiquement partie de cette proposition. Remarquons que la Grammaire anglaise de Quirk considèrent que generally comme usually fait partie des adjuncts of time (Quirk et al., 1985, 543 et 618), alors que generally détaché en tête de phrase est un style disjunct (Quirk et al., 1985, 616). Mais Christian Molinier préfère admettre que ces adverbes ainsi insérés dans la proposition appartiennent à la même classe des adverbes de phrase disjonctifs que lorsqu’ils sont en position d’extraposition antéposée, parce qu’à l’évidence, ils satisfont aux mêmes tests censés montrer qu’ils portent sur l’ensemble de la phrase et non pas seulement sur le verbe. On peut dire qu'alors la signification manifestée par lesdits tests prime sur l'organisation et la position syntaxique des constituants dans la phrase.

3. Six sortes d'adverbes intégrés à la proposition: Il est difficile de dire avec précision quelle fonction syntaxique remplissent les adverbes intégrés à la proposition. Mais leur dénomination est peut-être plus suggestive sur ce point que le terme d'adjunct, utilisé par la Grammaire anglaise de Quirk, et plus large que le terme d'adverbe intra-prédicatif, employé par Claude Guimier. Même si ce terme d’adverbes intégrés à la proposition recouvre avant tout une collection d'adverbes que des tests permettent de réunir, Christian Molinier en a proposé la définition en compréhension suivante: ce sont des "adverbes rattachés au verbe ou à un autre constituant de la proposition" à laquelle appartient ledit verbe (Molinier & Levrier, 2000, 44). Ce sont donc, en gros, les adverbes qui ont valu à cette catégorie son nom d'ad-verbe, et, principalement, ceux que la tradition appelle les adverbes de manière et les adverbes de temps.

a. Adverbes de manière orientés vers le sujet: Comme le dit justement Christian Molinier et comme on a pu le constater précédemment, "le notion d'orientation vers le sujet (ou de portée sur le sujet) est utilisée depuis longtemps dans la description syntaxique des adverbes" (Molinier & Levrier, 2000, 118). Elle s’applique à des adverbes qui, "dans leur position canonique (post-verbale), ont une portée principale sur le verbe et une portée secondaire sur le sujet de cette même phrase" (Molinier & Levrier, 2000, 120). C'est le cas de anxieusement dans

Max regarde anxieusement l'horizon.

Car si cette phrase veut dire que le regard que Max porte sur l’horizon est anxieux, il est clair qu’elle signifie que

Max aussi est anxieux.

Cela est vrai, mais montre les limites de cette analyse qui recourt à la notion d’orientation vers le sujet. Car l'énoncé cité ne dit pas que Max est anxieux, il permet seulement de l'inférer. Si syntaxiquement l'adverbe anxieusement porte sur le verbe regarde, avec lequel il forme une construction, ce n'est que sémantiquement, et même qu’implicitement qu'il porte sur le sujet Max. De fait, l'énoncé avec adverbe dit de manière n'a pas le même sens que l'énoncé avec adjectif dit traditionnellement attribut du sujet, comme:

Max regarde anxieux l'horizon

il est effectivement dit que Max est anxieux. D’ailleurs, Claude Guimier (1996, 65-66), à la suite notamment de Pierre Le Goffic, montre bien la différence qu'il y a entre l'attribut du sujet de

Paul est parti joyeux

et l'adverbe de manière de

Paul est parti joyeusement.

"partir joyeusement caractérise proprement le départ: il y a 'départ joyeux' au sens de 'départ accompagné de manifestations joyeuses' <…>. Dans Paul est parti joyeux, il y a 'départ joyeux" au sens de 'départ d'un sujet joyeux"; la joie est celle qu'éprouve le 'sujet-qui-part' et non celle qui accompagne extérieurement le départ"

(Le Goffic, 1993, 360-361).

En ce qui concerne leur position dans la phrase, les adverbes dits à orientation vers le sujet pose un problème théorique. Christian Molinier signale en effet que "la position préverbale détachée est acceptée par tous les adverbes non susceptibles d'homonymie syntaxique avec les adverbes de phrase disjonctifs d'attitude orientés vers le sujet" (Molinier & Levrier, 2000, 131). Ce que nous appelons extraposition antéposée et interposition est possible, comme le montrent

Anxieusement, Luc attend les résultats

Luc, anxieusement, attend les résultats.

Mais l'adverbe de manière de

Paul a répondu bêtement à la question de Marie

ne peut être, lui, ni extraposé ni interposé, des phrases comme

Bêtement, Paul a répondu à la question de Marie

Paul, bêtement, a répondu à la question de Marie

contenant, avons-nous vu précédemment, un adverbe disjonctif orienté vers le sujet. L'auteur admet donc que le mot bêtement (ou l'item lexical bêtement, comme il le dit) correspond à "deux formes adverbiales syntaxiquement homonymes" (Molinier & Levrier, 2000, 53), c'est-à-dire à deux adverbes homonymes qui ont deux syntaxes différentes, l'un étant un adverbe disjonctif et par conséquent un adverbe de phrase, l'autre un adverbe intégré à la proposition.

Il est incontestable que l'adverbe bêtement n'a pas, dans les deux cas, la même contribution au sens de l'énoncé et que l'auteur a raison de parler, dans un cas, d'un adverbe disjonctif, qui "porte sur la phrase entière" (Molinier & Levrier, 2000, 107), et dans l'autre, d'un adverbe intégré à la proposition, qui porte sur le verbe. Dans le premier cas, il fait apparaître une signification du type «il est bête que Pierre ait répondu à la question de Marie», et dans le second cas, une signification du type «Pierre a répondu d'une façon bête à la question de Marie». Et il est intéressant que les auteurs établissent une sorte de distribution syntaxique complémentaire entre ces deux emplois : dans le second cas, l'adverbe fait partie du SV, alors que dans le premier, il  est extérieur à ce SV, quand il est interposé, et extérieur à la proposition à laquelle appartient le SV, quand il est extraposé. Mais faut-il, de ce fait, postuler deux lexèmes homonymes, comme le font nos auteurs? C'est loin d'être évident; car dans les deux cas, on retrouve le même sens de «bête», la différence venant de ce que ce sens s'applique, dans un cas, à la signification de toute le proposition Pierre a répondu à la question de Marie, et dans l'autre, à la signification seulement du verbe a répondu. Il nous semblerait plus satisfaisant de transposer une des règles de variation  phonologique formulées par Troubetzkoy (cf. la IIIe règle de Troubetzkoy, 1967, 50), en disant:

Si deux expressions d'une langue, parentes entre elles au point de vue sémantique et morphématique, ne se présentent jamais dans le même entourage syntaxique, elles sont à considérer comme des variantes combinatoires du même signifié.

Nous préférerions donc parler de la polysémie et non de l'homonymie de l'adverbe bêtement, en précisant même que c'est à cause de sa position syntaxique hors d'une proposition que son signifié est appliqué à cette proposition, alors qu'il n'est appliqué qu'au verbe, quand il est syntaxiquement rattaché à ce dernier.

Le problème qui se pose alors est de savoir pourquoi il n'en est pas de même de l'adverbe anxieusement, et, d'une façon générale, de la grosse majorité des adverbes de manière orientés vers le sujet qui sont intégrés à la proposition. Cela vient de ce que son sémantisme n'est pas apte à s'appliquer à un événement: on ne peut pas dire

*Il est anxieux que Luc attende les résultats.

L'adjectif anxieux désigne l'état psychologique d'un individu; il signifie, d'après Le Nouveau Petit Robert:

"Qui éprouve de l'anxiété <…> «ému, agité, anxieux» (Maupassant) <…> «Tous anxieux de voir surgir […] Le chef borgne» (Hérédia)".

Il peut certes être appliqué à des noms qui ne désignent pas un individu, et signifie alors:

"Qui s'accompagne d'anxiété, marque de l'anxiété. Etats anxieux, crises anxieuses. Une attente anxieuse. Regard anxieux."

Mais il s'agit, alors, toujours d'un nom qui implique un individu éprouvant de l’anxiété, jamais d'un simple événement. Ceci est très différent de l'adjectif bête, dont Le Nouveau Petit Robert donne les définitions sémantiques suivantes:

"1. Qui manque d'intelligence, de jugement. Il (elle) est bête comme un âne, une oie; comme ses pieds <…> Une idée, une histoire bête; <…> 2. Qui manque d'attention, d'à-propos. Suis-je bête de l'avoir oublié! <…> 3. Absurde et regrettable (événement). Un accident bête. C'est bête, je ne m'en souviens pas."

Quand un adverbe comme anxieusement est syntaxiquement sorti de la proposition, son sémantisme ne peut pas s'appliquer à toute cette proposition, puisqu'il concerne nécessairement un individu, qui ne peut être que le sujet de la proposition (d'où l'appellation d'adverbe de manière orienté vers le sujet de Christian Molinier). Et le sens de l'énoncé ne sera pas très différent de celui de l'énoncé où ledit adverbe est dans le SV (d'où l'appellation d'adverbe endocentrique que lui donne Claude Guimier). Il désignera effectivement la même situation extra-linguistique, mais en la présentant d'une façon différente. Comme l'a justement observé Claude Guimier, l'adverbe, à l'intérieur du SV, a un rôle rhématique (cf. Guimier, 1996, 75-76) et fait partie de l'apport informatif de l'énoncé, tandis que, détaché en tête de phrase, il a un rôle thématique, étant le support informatif du message. Si donc la désignation de ces deux types d'énoncé est la même, leur signification est différente.

b. Adverbes de manière verbaux: Ils "sont construits sur des adjectifs désignant des propriétés prédicables de procès, et non prédicables, normalement, d'être humains ou animés en tant que tels" (Molinier & Levrier, 2000, 149).

Max a fermé hermétiquement le bocal. Max regardait fixement l'horizon.

Attaché exclusivement au procès, ils n'apparaissent, "dans leur grande majorité (85 %)" (Molinier & Levrier, 2000, 157), "qu'en position post-verbale, la position initiale détachée <étant> exclue:

*Hermétiquement, Max a fermé le bocal. *Fixement, Max regardait l'horizon"

(Molinier & Levrier, 2000, 157). Mais il arrive que leur sémantisme implique forcément un individu, même si l'adjectif dont il dérive ne peut pas être asserté de cet individu; ils sont alors détachables en début de phrase. C'est le cas notamment des adverbes délibérément, intentionnellement, ostensiblement, sciemment et volontairement qui peuvent être détachés et clivés, et que Christian Molinier appelle adverbes de volonté:

Délibérément, Luc a quitté les lieux

= C'est délibérément que Luc a quitté les lieux

Volontairement, Luc s'est arrêté

= C'est volontairement que  Luc s'est arrêté (Molinier & Levrier, 2000, 181).

Dans ce dernier cas, on remarquera que l'adverbe volontairement, qui signifie «par un acte volontaire, délibéré», correspond au sens de «qui résulte d'un acte de volonté» (LNPR) de l'adjectif volontaire, et ne se dit pas d'une personne. Quand cet adjectif s'emploie à propos d'une personne, il a le sens de «qui a, ou marque de la volonté, une volonté ferme» (LNPR), sens que ne connaît pas l'adverbe volontairement.

c. Adverbes de manière quantifieurs: Ils "se répartissent en trois grandes classes, d'inégale importance, suivant la nature de l'adverbial foyer de la phrase interrogative auquel ils s'associent. On distingue ainsi des adverbes intensifs, des adverbes de complétude et des adverbes d'extension qualitative" (Molinier & Levrier, 2000, 188). Les premiers (considérablement + énormément + modérément) sont associés à une question avec l'adverbe beaucoup ou avec très + adjectif, comme Max a-t-il beaucoup souffert? ou Max est-il très doué?, les deuxièmes (absolument + entièrement + partiellement) à une question avec l'adverbe tout à fait, comme Max a-t-il tout à fait tort?, et les troisièmes (essentiellement + intrinsèquement + typiquement) à une question avec l'adverbe fondamentalement:, comme Max est-il fondamentalement pervers? :

Max aime (énormément + modérément + exagérément) ce tableau (Molinier & Levrier, 2000, 51)

Max a (absolument + entièrement + partiellement) tort

Max est (essentiellement + intrinsèquement + typiquement) pervers (Molinier & Levrier, 2000, 189).

Dans la classe des adverbes intensifs, nos deux auteurs distinguent des adverbes intensifs en -ment ceux que les grammaires appellent traditionnellement adverbes de quantité, à savoir

beaucoup / très, autant / aussi, tant / si, plus, moins, davantage, trop, peu, assez, ne… pas du tout (Molinier & Levrier, 2000, 190)

Nous préfèrerions, pour notre part, ne garder parmi ces adverbes dits de quantité que

beaucoup, autant, tant, davantage, ne… pas du tout

les autres n'étant pas, d’après nous, des adverbes, mais des lexèmes qui modifient les adjectifs ou les adverbes formés à partir de ces adjectifs. Car, s'il n’est pas complètement impensable de considérer que plus, moins, trop, très, etc. sont des adverbes modifiant des adjectifs dans des exemples comme

Max est (trop + peu + assez + …) bavard

il est impossible d'y voir des adverbes dans

Max parle (trop + peu + assez + …) volontiers

Car cela correspondrait à une structure du type de la figure 2. Mais un tel étiquetage indique-

fig. 2 :  assez adverbe ?

 

rait une coordination sans coordonnant, c'est-à-dire à une juxtaposition de deux adverbes, ce qui ne peut pas être la bonne analyse de la construction assez volontiers. Cette construction est en effet une construction endocentrique, qui a pour noyau l'adverbe volontiers, et ne pourrait nullement alterner avec

*assez et volontiers ou *et assez et volontiers

comme ce devrait être le cas s’il s’agissait d’une juxtaposition d’adverbes. Une telle difficulté théorique disparaît, si l'on fait entrer les lexèmes comme assez, plus, très, etc. dans une autre classe que celle des adverbes, par exemple dans la classe des particules qui sont expansions d'adjectif ou d'adverbe. Dans une langue comme le latin, les grammaires sont tentées de parler

 

Adj

 

fig. 3 : Adverbes latins au comparatif

 

d'un adverbe de comparatif magis et d'un adverbe de superlatif maxime. Mais magis pie «plus pieusement» et maxime pie «très pieusement» sont l'équivalent fonctionnel respectivement de fortius «plus courageusement» et de fortissime «très courageusement», où il n’est plus question de parler d’adverbe. Dans tous ces cas, on a affaire à une expansion d’adjectif, à

 

fig. 4 : assez particule

 

savoir le morphème intensif de comparatif ou de superlatif, qui ne peut se combiner qu’avec un adjectif, ce qui correspond aux structures de la figure 3, où les constructions adverbiales sont effectivement endocentriques. Et c’est lorsque cette expansion d’adjectif a une autonomie syntagmatique de mot que nous proposons de parler de particule, et non d’adverbe. La même analyse du prétendu adverbe français assez en tant que particule correspondra à la structure de la figure 4.

Il n'y aura plus alors qu'à expliquer pourquoi il est possible de dire en français

Max souffre (trop + peu + assez + …) (Molinier & Levrier, 2000, 190)

en l’absence de tout adjectif ou de tout adverbe. On dira que le morphème qui est normalement une expansion d'adjectif ou d'adverbe est alors adjectivé ou adverbialisé, c'est-à-dire est entré dans le paradigme de l'adjectif ou de l'adverbe, suivant les cas.

d. Adverbes de point de vue: Alors que les adverbes intégrés à la proposition envisagés jusqu'à présent, sauf les adverbes de volonté, ne peuvent pas être détachés devant une proposition négative:

*Attentivement, Max n'a pas lu la notice (Molinier & Levrier, 2000, 118)

*Hermétiquement, Max n'a pas fermé le bocal (Molinier & Levrier, 2000, 148)

Volontairement, Luc ne s'est pas arrêté (Molinier & Levrier, 2000, 182)

*(Considérablement + Enormément + Modérément), Max n'a pas souffert (Molinier & Levrier, 2000, 188)

"les adverbes de point de vue sont acceptables en position détachée en tête de phrase négative" (Molinier & Levrier, 2000, 51):

Financièrement, cette opération ne fut pas un fiasco

Légalement, Luc n'a pas le droit d'agir ainsi (Molinier & Levrier, 2000, 220).

L'adverbe a alors "pour fonction de spécifier pour quel domaine une proposition est vraie :

Financièrement, cette opération fut un fiasco, mais politiquement, elle fut un succès."

 (Molinier & Levrier, 2000, 221). Cette famille sémantique d'adverbes a forcément ce même sens quand les adverbes sont construits après le verbe que quand ils sont détachés. La différence de sens des énoncés est alors une question de présentation de l'information: l'adverbe est rhématique, quand il se trouve dans le SV, il est thématique, ou plutôt soit support informatif soit report informatif, quand il est extraposé ou interposé.

e. Adverbes de temps: Les adverbes de temps peuvent, "pour la plus grande majorité d'entre eux" (Molinier & Levrier, 2000, 239), figurer en position détachée en tête de phrase négative; ils peuvent également être extraits dans C'est… que, et ils sont reconnus comme tels par "la possibilité d'association à un adverbe ou à un groupe foyer d'une phrase interrogative portant sur la date, la durée ou la fréquence" (Molinier & Levrier, 2000, 239), d'où les trois sous-classes principales d'adverbes de temps, à savoir les adverbes de date: (Molinier & Levrier, 2000, 51):

Max est venu ici (dernièrement + récemment + …) (Molinier & Levrier, 2000, 51)

les adverbes de durée:

Max reste (momentanément + provisoirement + …) ici (Molinier & Levrier, 2000, 51)

et les adverbes de fréquence:

Max va (occasionnellement + rarement + …) au concert (Molinier & Levrier, 2000, 51).

d. Adverbes focalisateurs: Les adverbes qui sont regroupés dans la classe des adverbes focalisateurs ont au moins trois particularités: ils ne peuvent pas figurer " en position détachée en tête de phrase négative" (Molinier & Levrier, 2000, 52 et 273); ils sont attachés non au verbe mais à un SN, et ils ne peuvent pas être clivés dans C'est… que, si ce n'est en compagnie du SN auquel ils sont attachés.

"Les adverbes regroupés dans cette classe ne peuvent figurer en position détachée en tête de phrase négative, n'acceptent pas d'être extraits dans C'est… que, mais peuvent toujours être extraits dans C'est… que en compagnie d'un GN constituant majeur de la phrase" (Molinier & Levrier, 2000, 52):

Max principalement boit du vin. Max boit principalement du vin. Max boit du vin principalement le matin.

C'est principalement Max qui boit du vin. C'est principalement du vin que boit Max. C'est principalement le matin que Max boit du vin.

Dans le premier cas, l'adverbe focalisateur implique qu'il existe un ensemble d'individus susceptibles de boire du vin et distingue Max dans cet ensemble. Dans le deuxième, il implique qu'il existe un ensemble de boissons susceptibles d'être bues par Max et distingue le vin dans cet ensemble. Et dans le dernier cas, il implique un ensemble de moments pendant lesquels Max est susceptible de boire du vin et distingue le matin dans cet ensemble.

Christian Molinier a "recensé 16 adverbes de manière focalisateurs en -ment" (Molinier & Levrier, 2000, 275), parmi lesquels on retiendra, sans hésitation, au moins

essentiellement, exactement, simplement; notamment, seulement, particulièrement, principalement

mais auxquels Henning Nølke ajouterait d'autres adverbes encore plus représentatifs de cette classe, et notamment

même, surtout.                                           

Deux choses sont frappantes, quand on examine ces adverbes dits focalisateurs ou paradigmatisants. D'abord, on ne peut jamais les faire commuter avec un syntagme prépositionnel. Et d'autre part, la plupart des prétendus adverbes en -ment n'ont rien à voir, ou plus rien à voir avec l’adjectif dont il serait formellement dérivé. Par conséquent, plutôt que d'y voir des adverbes, comme le fait la tradition grammaticale, nous y verrions, là aussi, des particules, dont la fonction est d'être expansion d'un constituant quelconque, aussi bien nominal qu’adjectival, que verbal, etc. Ils peuvent certes être expansion de verbe ou de syntagme verbal, comme les adverbes, sans être pour autant des adverbes, puisqu’ilsne commutent pas avec un syntagme adverbial. Et inversement, certains adverbes ou anciens adverbes peuvent, en raison de leur sémantisme propre, entrer ou être entrés dans ce paradigme. Mais ils ne doivent pas pour autant être considérés comme des modèles dudit paradigme, les modèles étant des particules comme même, surtout ou comme seulement, notamment, particulièrement, qui sont d'anciens adverbes en -ment devenus de simples particules morphématiquement indécomposables.

 

En conclusion, deux choses. D'abord, s’il est intéressant et utile de classer les adverbes d’après leur sens, il faudrait aussi les classer d’après leur fonction syntaxique, c’est-à-dire d’après leur position dans la structure de la phrase : position détachée en tête ou en fin de proposition, position interposée dans la phrase, et position dans le SV (ce que Christian Molinier a fait très systématiquement, mais en considérant qu’il ne s’agit là que de simples faits d’ordre des mots). Et il conviendrait de voir alors en fonction de leurs différentes positions structurales et de leur sémantisme propre leurs éventuelles différentes contributions au sens de l'énoncé. Deuxièmement, il ne faut peut-être pas trop vite se résigner à considérer la classe des adverbes comme un fourre-tout hétérogène. Celle-ci gagnerait en unité et en clarté, si on en retirait les morphèmes qui sont simplement des expansions d'adjectifs, de SN ou de propositions, pour les mettre dans différentes classes de particules, lorsqu'à la différence des expansions nominales comme le nombre ou des expansions verbales comme les temps, les voix ou les modes, ils ont une certaine autonomie syntagmatique. Cela permettrait peut-être alors de définir les adverbes comme des morphèmes ou synthèmes qui commutent avec le syntagme prépositionnel, ou plutôt comme les modèles du paradigme des syntagmes prépositionnels.

 

 

Christian TOURATIER

Université de Provence

 

 

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