Le cerveau et l’air,
d’après Alcméon de Crotone
médecin, physiologiste, astronome et philosophe pythagoricien (vers 500 av. J.C.).
Diels, Hermann, 1952, (1ère éd. : 1903),
Fragmente der Vorsokratiker, I, 211-212 :
5. THEOPHR. de sens.
Dumont, Jean-Paul, Delattre, Daniel, & Poirier, Jean-Louis (éds.), 1988,
Les Présocratiques,
Bibliothèque de
V. Théophraste.
25. Parmi les auteurs qui n'expliquent pas la sensation par le semblable, Alcméon est le premier à préciser la différence qui existe entre les animaux et les hommes. Selon lui, en effet, ce qui sépare l'homme des autres animaux, c'est qu'il est le seul à disposer de la conscience, alors que les autres ont des sensations sans avoir la conscience". Car ce n'est pas une seule et même chose que penser et éprouver des sensations, n'en déplaise à Empédocle" .
Il examine ensuite chacun des sens. L'ouïe, dit-il, met en jeu les oreilles; car elles contiennent du vide qui résonne (c'est-à-dire qu'il sonne creux), et l'air répercute le son (rendu par le vide"). L'odorat, lui, met en jeu le nez, organe qui, en même temps que l'on respire, fait pénétrer le souffle jusqu'au cerveau. L'organe du goût" est la langue, tiède et souple, dont la chaleur fait fondre (les aliments), et sa texture, poreuse et tendre, lui permet de recevoir d'abord et de donner. 26. La vision, elle, s'effectue à travers l'eau qui baigne les yeux; qu'ils contiennent du feu, c'est une évidence: la preuve en est qu'un choc [sur l' œil] provoque des étincelles'. Pour qu'il y ait vision, il faut quelque' chose de brillant et, face à lui, quelque chose de transparent qui émette soi-même de la lumière'; la netteté de la vision est d'autant plus grande que (l'échange lumineux) est plus pur. Toutes ces sensations sont acheminées' au cerveau' selon un certain processus; et c'est au cours de cette transmission qu'interviennent des altérations de la perception, quand le sujet bouge ou qu'il se déplace: car il y a alors compression des conduits par où passent les sensations. Alcméon ne dit rien du toucher, ni comment ni par quel organe sensoriel on touche. Telles sont donc les thèses d'Alcméon sur ce sujet. (Du sens, 25-26.)
Diels, Hermann, 1952, (1ère éd. : 1903),
Fragmente der Vorsokratiker, I, 211-212 :
8. Aetius IV 17, 1 (D. 407) 'A. ™n tîi
™gkef£lwi enai tÕ ¹emonikÒn: toÚtwi oân Ñsfra…nesqai
›lkonti di¦ tîn ¢napnoîn t¦j Ñsm£j.
9. – IV 18, 1 (D. 407) 'A. tîi Øgrîi
kaˆ tîi cliarîi tîi ™n tÁi glètthi
prÕj tÁi malakÒthti diakr…nesqai toÝj cumoÚj.
10. – IV 13, 12 (D. 404) 'A. kat¦ t¾n toà diafqnoàj ¢nt…lhyin
(t¾n Órasin g…nesqai). Chalcid. in Tim.
p. 279 Wrob. demonstranda
igitur oculi natura est, de
qua cum plerique alii tum Alcmaeo Orotoniensis
in physicis exercitatus quique primus exsectionem
adgredi est ausus, et Callisthenes, Aristotelis auditor, et Herophilus multa et praeclara in lucem pro-
25 tulerunt: duas esse angustas semitas, quae a cerebri sede, in qua est sita potestas animae summa ac principalis,
ad oculorum cavernas meent naturalem spiritum continentes. quae
cum ex uno initio eademque radice, progressae aliquantisper coniunctae sint in frontis intimis, separatae bivii specie perveniunt ad oculorum concavas sedes, qua superciliorum obliqui tramites (30) porriguntur, sinuataeque illic tunicarum gremio naturalem umorem recipiente globos complent munitos tegmine palpebrarum, ex quo appellantur
orbes. porro quod ex una sede progrediantur
luciferae semitae, docet quidem sectio
principaliter; nihilo minus
tamen intelligitur ex eo quoque, quod uterque oculus moveatur una nec alter sine altero moveri queat. oculi
porro (35) ipsius continentiam in quattuor membranis seu tunicis
notaverunt disparili soliditate. quarum
differentiam proprietatemque
si quis persequi velit, maiorem proposita materia suscipiet laborem. Vgl. Hipp. de loc. in homo 2 (VI
Dumont, Jean-Paul, Delattre, Daniel, & Poirier, Jean-Louis (éds.), 1988,
Les Présocratiques,
Bibliothèque de
VIII. Aétius.
Pour Alcméon,
l'hégémonique' a son siège dans le cerveau, et c'est par lui que nous sentons
les odeurs, qu'il attire à soi à chaque inspiration. (Opinions, IV,
XVII, 1.)
IX Aétius.
Pour Alcméon,
c'est grâce à l'humidité et à la tiédeur de la langue, qualités auxquelles
s'ajoute la souplesse, que nous goûtons les saveurs'. (Opinions, IV, XVIII, 1.)
X Chalcidius.
Il faut donc expliquer quelle est la nature de l'œil; à ce sujet, la plupart des auteurs, et plus particulièrement Alcméon de Crotone – spécialiste des recherches sur la nature et le premier à avoir osé entreprendre une dissection –, Callisthène, le disciple d'Aristote, et aussi Hérophile' ont fait la lumière sur nombre de points importants. Il existe deux conduits étroits qui, partant du cerveau, où est sise la partie maîtresse et directrice' de l'âme, le relient aux orbites oculaires: c'est par là que circule le souffle vital'. Ces conduits, qui, partant d'un point de départ unique, sont confondus sur une certaine distance dans la partie la plus profonde du front, se séparent en deux branches' pour rejoindre les orbites oculaires, selon un tracé oblique qui est celui des sourcils. Et, après des détours, ils aboutissent à des globes qui renferment l'humeur vitale dans le sein de tuniques et qui sont pourvus de la protection des paupières (d'où leur nom d'orbes'). Ce qui nous permet de savoir que l'origine de ces canaux qui transmettent la lumière est unique, c'est, bien sûr, surtout la dissection. Il est cependant possible de s'en rendre compte aussi d'après le fait que les deux yeux bougent en même temps et qu'il est impossible de faire bouger l'un sans que l'autre bouge aussi. On a observé, d'autre part, que l'œil proprement dit est constitué de quatre membranes' ou tuniques, de consistance différente. Tenter de connaître les propriétés qui les différencient les unes des autres revient à se lancer dans une tâche disproportionnée à son objet'. (Commentaire sur le Timée, éd. Wrobel, p. 279.)